Réparer ou racheter ?

On a tous déjà eu droit au coup de la panne. Mais quand notre télé, notre ordi ou notre frigo nous lâche, cela coûte-t-il plus cher de le faire réparer ou d’en acheter un neuf ?


78 % des Français achètent sur Internet, et chez les 18-34 ans, la part grimpe même à 81 % ! (Source : enquête FEVAD- La Poste-Reed-CREDOC 2009.) Ces chiffres peuvent donner des idées à plus d’un internaute ;  et se mettre à la vente via le Web peut apparaître, sur le papier, comme une idée séduisante. Écotidien est allé à la rencontre de ces e-commerçants qui réussissent… ou pas. Et nous disent comment.

Père de deux garçons, Renaud Sitbon, 35 ans, voyait ses placards déborder de vêtements trop petits pour ses fils.  « Les jeter me faisait mal au cœur, mais dans mon entourage, tout le monde avait des filles. » Il s’est alors créé un compte eBay pour vendre au fur et à mesure les affaires que ses fils n’utilisaient plus : « vêtements, mais aussi baignoire, transat, chaise haute… Le premier mois, j’ai ainsi récupéré plus de 350 € ! » Malheureusement, il ne gardera pas les 350 € pour lui : « Il faut déduire les frais d’inscription, les frais de paiement PayPal, les frais de photos, les frais d’annonce en gras, la commission…  jusqu’à 50 € pour le mois, c’est vraiment rageant de voir la cagnotte s’amenuiser.

« En tant que vendeuse, je suis révoltée par les tarifs qui viennent encore d’augmenter », confirme Stéphanie Rivier, créatrice d’une papeterie créative en ligne. « Par ailleurs, le système d’évaluation avantage les acheteurs. Si moi, vendeuse, je ne suis pas payée, je n’ai aucun recours. Le pire ? Les « black-sellers », des vendeurs professionnels mais au noir, qui ne respectent pas la politique tarifaire en tout illégalité ; et on a beau le signaler aux administrateurs, ils sont toujours là. Bref, je suis passée de 600 mises en vente mensuelles chez eux à 60 par mois, depuis le mois d’aout », conclue-t-elle. Pour toutes ces raisons, Renaud Sitbon réfléchit à la mise en place de son propre site marchand pour tout gérer lui-même, « mais je crains que ça ne soit trop onéreux… »

Pourtant, « la fourchette est large, de 5,90 € à plus de 10 000 € », d’après l’estimation de Christèle Siméoni, qui pour sa part a choisi une solution de blog-magasin à faible coût en gardant tout de même le système de portefeuille en ligne PayPal, plébiscité par 32 % des internautes (source Médiamétrie). « J’avais moi aussi ouvert un compte pro sur eBay, mais le site souffre d’une image “ occasion ” or, je voulais vendre des vêtements pour enfants neufs et haut de gamme. Un site marchand reflétait mieux mon positionnement ! », sourit-elle. Un point de vue partagé par Claude Schlesser, qui après un passage par les sites d’occasion, a créé un site de e-commerce d’un genre particulier : il loue des jouets. « Les enfants n’utilisent leurs jouets que quelques mois et les beaux jouets de qualité coûtent un bras ! » Les objets ont ainsi une vie infinie, sans passer par la case poubelle, ce qui protège l’environnement. Psychologiquement, la démarche est intéressante aussi pour les enfants qui évitent ainsi d’accorder trop d’importance aux choses matérielles et aux objets en apprenant à s’en détacher.

Mais pour lui, se lancer dans le e-commerce doit être avant tout une démarche sociétale. Il a par exemple lancé l’opération « Plantons 1 000 arbres ensemble », suivant la logique de son activité durable. Ce qui ne l’empêche pas de garder un œil sur son chiffre d’affaires, « bien qu’il soit difficile à évaluer pour un site de quelques mois. » Pour Christèle Siméoni, qui affirme qu’il faut « prendre l’aventure au sérieux et non comme un simple hobby », la balance est « à zéro après dix-huit mois d’existence. L’objectif est de dégager 5 000 € par mois mais, malgré tous mes efforts pour fidéliser mes clients, je n’y suis pas encore ! Pourtant, j’y consacre cinq heures par jour. »

Si les internautes sont de plus en plus férus d’achats en ligne, l’offre est devenu pléthorique et il est parfois difficile de connaître tous les sites indépendants : d’après la Fédération e-commerce et vente à distance (Fevad), ils étaient 15 200 en 2005 et sont aujourd’hui près de 50 000 ! Et ce, sans compter les blogs-boutiques non déclarés et ouverts sans mention légale : « Il n’est pas rare de trouver sur les blogs des échanges : “ — J’tai envoyé un chèque. — Okay, je te fais partir ton colis. ” Et tout ça sans société créée », déplore Christèle Siméoni.

D’après le baromètre Fevad, cette année, un internaute sur deux a eu recours à un site de vente entre particuliers pour acheter ou pour vendre. Bien que décrié par les utilisateurs, eBay reste le premier site marchand en terme de visites (moyenne mensuelle : 12 954 visiteurs uniques d’après Médiamétrie) juste devant PriceMinister et Amazon. En un an, le chiffre d’affaires du e-commerce – qui se chiffre en milliard d’euros – a progressé de 25 % : plus de 220 millions de colis ont ainsi été envoyés aux clients en 2008 !

Marlène Schiappa

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