Je recrute ma nounou, mode d’emploi

Trouver une nourrice relève parfois du parcours du combattant. Pour beaucoup de parents qui n’ont pas de place en crèche ou de grand-mère à disposition, la garde de leur bébé peut rapidement virer au cauchemar. Ecotidien a enquêté pour vous !

En Europe, on estime à 17 millions le nombre de personnes travaillant de chez elles, dont environ un tiers de salariés. Au Danemark, 42% des cadres (source: INSEE) supérieurs travaillent de leur appartement ! A cause de ou grâce à (selon votre opinion) Frédéric Lefebvre, en France, le ‘’télétravail ‘’est assimilé au travail des personnes en arrêt maladie. Or, depuis déjà une dizaine d’années, il se met en place dans des entreprises françaises. Le principe est simple : la part de vos missions qui ne requiert pas votre présence physique, vous la faites de chez vous, et votre salaire est maintenu !

Répandu dans les métiers du web, le télétravail a fait l’objet d’une loi proposée par la secrétaire d’Etat à l’économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet et promulguée le 9 juin dernier. Tout récemment, France Télécom a même annoncé la signature d’un accord avec les syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC) : sous condition de présence dans les locaux 2 jours par semaine, les salariés qui le demandent pourront boucler leurs dossiers de chez eux. Pour les employeurs, le télétravail permet d’économiser sur le matériel, mais aussi d’éviter les problèmes liés à l’absentéisme.  « Vous vous êtes cassé la jambe ? Rien ne vous empêche de travailler sur votre ordinateur, sans vous déplacer » affirme Amelle, patronne d’une PME de services aux entreprises et adepte du télétravail. « En outre, terminées les facture de téléphone personnelles, les photocopies abusives et les impressions de photos de vacances aux frais du patron ! » ironise-t-elle. Le télétravail serait économique pour l’entreprise. Et pour les salariés ?

Driss affirme économiser plus de 550 € par mois depuis qu’il travaille de sa salle à manger. Chargé d’études marketing, il a adopté ce mode de fonctionnement voilà près d’un an et en est pleinement satisfait. Il fait, pour Ecotidien, la liste précise des postes de dépense diminués : « Pour les transports, on passe de 150 € pour l’essence et le parking à 0 €. Pour les repas, je dépensais 90 € de cantine plus une trentaine pour les repas en brasseries avec des collègues. Maintenant, je mange les restes de la veille ou je me fais une assiette de pâtes, ça me revient à moins d’ 1€ par jour. J’ai aussi économisé sur les frais de garde ! » Jeune père divorcé, Driss vit avec ses enfants du jeudi soir au samedi soir. Entre la sortie d’école et le retour du bureau, il devait s’adjoindre les services d’une nourrice. « En gérant mon emploi du temps moi-même, je vais chercher mes enfants à 17 heures et je rattrape les 2 heures de travail le soir ou la nuit, après leur coucher. 300 € de garde en moins à payer chaque mois ! » En revanche, charge à lui de s’équiper, et son ordinateur lui a fait la mauvaise surprise de rendre l’âme la semaine dernière : « J’ai investi 1400 € pour en acheter un nouveau, et 39 € dans une webcam pour les réunions en visioconférence, mais si on lisse sur l’année, je suis gagnant ! »

Mais tous les salariés ne montrent pas autant d’optimisme. Véronique, 41 ans, déléguée du personnel, est clairement réticente et n’a pas peur d’assimiler la pratique à de l’esclavage. « Je suis chef de pub, autrement dit commerciale. Je peux très bien passer des appels de chez moi, remplir des dossiers et envoyer des mails. Mais ça signifie que je devrais travailler le soir, le week-end, pendant les vacances. Je n’ai pas envie de ça ! Je veux laisser les problèmes du travail au travail, et pas devoir dire à mes amis venus dîner chez moi : je vous laisse, mon patron me sonne ! » En outre, pour Véronique, c’est clair et net : le télétravail nuit à son pouvoir d’achat. Il inciterait aux heures supplémentaires gratuites, ce qui ferait baisser son taux horaire. « Et je ne parle même pas de la facture d’électricité la journée, si vous travaillez de chez vous avec téléphone, ordinateur, et j’imagine un peu de musique pour égayer cette ambiance ! »

Véronique va même plus loin en accusant le télétravail d’être un principe ‘’anti-salariés’’ : « Sans rencontre physique, difficile de s’organiser autour d’un syndicat ou de représentants du personnel, c’est-à-dire les défenseurs du pouvoir d’achat des salariés ». Pourtant, elle-même avoue avoir eu recours au télétravail dans des circonstances bien précises. Il y a 5 ans, elle était au chômage et pour arrondir ses fins de mois… et faisait du télésecrétariat !  « Je n’avais pas vraiment le choix. Je touchais 750 € net par mois et grâce au télésecrétariat fait le week-end et le soir de chez moi, j’ai pu gagner jusqu’à 450 € en plus. » Elle se souvient : «  Travailler jusqu’à 3 heures du matin avec un conjoint qui fait la gueule parce qu’il voudrait dormir, ce n’est pas la panacée ! » Ce qui est aussi le lot de nombreux travailleurs indépendants et non-salariés.

La décision d’utiliser le télétravail revient aux DRH et aux dirigeants, mais ceux-ci sont de plus en plus nombreux à s’essayer à la méthode, en raison également des économies d’énergie qu’elle engendre : Amelle, la patronne de PME, l’affirme : « Moins de voitures, moins de transports, moins de pollution. Et pas de cantine ou de salle de pause à climatiser ou à chauffer! » Grâce aux tchats et aux conversations en ligne comme MSN, Facebook*, Twitter**, et au développement des smartphones où vous pouvez recevoir vos mails en temps réel, la communication avec l’entreprise se poursuit en permanence. Sur Second Life, certains construisent même des îles dédiées à leurs réunions. D’après l’INSEE, 65% des entreprises de plus de 250 salariés, et 15% des entreprises de 10 à 19 salariés ont recours au télétravail en 2009. Pourtant, aujourd’hui encore, demander pendant un entretien d’embauche si on peut travailler de son lit le vendredi a tendance à faire sourire l’employeur…
Marlène Schiappa

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