Le grand retour des naturistes

Ils sont in, ils sont de retour, ce sont les naturistes. Ecotidien a mené l'enquête (légèrement vêtu) sur ce revival inattendu.


Le naturisme, autrefois appelé gymnosophie, est né en France au XIXe siècle. Ses principes reposent sur le rapprochement de l’homme avec la nature. En 2009, on compte 160 clubs affiliés à la Fédération française de naturisme, 46 plages et 108 centres de vacances naturistes. Après l’engouement du « mangez bio », en sera-t-il de même pour le « vivez bio » ?

L’article 222-32 du nouveau Code pénal interdit l’exhibition sexuelle dans un lieu accessible aux regards du public. Cependant, le législateur précise qu’aucune poursuite n’ira à l’encontre des personnes nues à condition qu’elles fréquentent des lieux aménagés à cet effet. Les adeptes de la vie sans vêtements se réunissent donc pour vivre selon leurs idées. En 2006, il existe plus de cinquante centres et campings « non-textile » situés aux abords de la mer. La France est la première destination naturiste. On y dénombre 21 000 emplacements de camping, 10 000 hébergements locatifs, dix hôtels et cinq cents chambres d’hôtes, où la seule condition est de vivre sans habits.

De nombreux rassemblements pour naturistes sont organisés. La « randonue », qui consiste à se promener sans vêtements en dehors des frontières autorisées ; la « journée mondiale du jardinage nu »… On retrouve également ce phénomène, dans les pays étrangers, avec la « cyclonue » de Melbourne, en Australie, ou encore la course dévêtue qui se déroule tous les ans à San Francisco. En Allemagne, il n’est pas rare de voir nudistes et « textiles » (personnes habillées) se croiser sur les chemins boisés du parc Tiergarten. Xavier N. raconte : « J’ai testé le bain de soleil sans rien sur le corps à part ma crème solaire, dans un parc à Berlin. Au bout de quelque temps, un groupe de quadragénaires, textiles, est venu s’installer à côté de moi, sans même se soucier de ma nudité. »

Nudiste/naturiste, même combat ? La nudité n’est pas un mode de vie, mais plutôt un moyen de revendication. Elle est profitable à la défense des causes humanitaires telles que la lutte contre le cancer, le sida… Les campagnes publicitaires ont recours aux personnes dévêtues afin d’attirer l’attention de l’opinion publique. L’association de protection des animaux emploie souvent le slogan « Plutôt nu qu’en fourrure », avec une photo à l’appui. Actuellement, la forme du nu est utilisée à des fins militantes, humanitaires et anti-conformistes. Phénomène de mode, elle sert aussi à vendre, et les publicitaires n’hésitent plus à s’en servir. Les Galeries Lafayette, Dolce & Gabbana et bien d’autres vendent leurs produits en utilisant des mannequins déshabillés. Les magazines exposent des inconnus en tenue d’Adam et d’Eve pour aborder des sujets tels que le diktat de la minceur. On est alors bien loin du message que souhaitent faire passer les naturistes. Entre le simple retour à la nature et la volonté de choquer pour vendre, en effet, rien de commun.

La communauté s’organise de plus en plus afin de faire face à la croissance de son nombre d’adhérents. Après la création d’une licence autorisant les accès aux espaces naturistes (mais qui n’est désormais plus obligatoire), l’ouverture de plusieurs centres et campings ou encore les nombreux rassemblements, arrive aujourd’hui le réseau social pour nudistes Skinbook, cofondé par Karl Maddocks. Ce Facebook des nus compte 9000 membres et pratique une sélection très stricte à l’entrée : 90 % des demandes d’adhésions sont rejetées. Comme sur Facebook, les membres ont des profils, envoient des messages et adhèrent à des groupes. Bien entendu, pour entrer dans ce club select, la tenue correcte exigée est la nudité.

Mélanie Fevre

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