Mon pouvoir d’achat va-t-il partir en Grèce ?

La France s’est engagée auprès de l’Union européenne à tenir une politique de rigueur : quel impact sur notre quotidien ? La France peut-elle rejoindre la Grèce sur le banc des pays en faillite ? Concrètement, l’aide à la Grèce va-t-elle nous coûter de l’argent et, si oui, combien ?

La crise grecque n’est pas seulement économique, elle est aussi sociale. Toutes les couches de la société sont touchées et c’est dans une ambiance révolutionnaire que les discussions pour relever la situation économique du pays ont lieu. Le 5 mai dernier, trois personnes trouvaient la mort dans l’attaque d’une banque au cocktail Molotov, et le 20 mai, des milliers de manifestants venaient montrer leur désapprobation du plan d’austérité devant le Parlement.
Les autres pays mettent donc la main à la poche. Le fonds de stabilisation de l’Union européenne s’élève à 440 milliards, auxquels il faut ajouter 60 milliards prêtés par l’UE, dont 110 millions sont garantis par la France. C’est un groupe chinois qui pourrait racheter les chemins de fer grecs, et le Premier ministre grec en appelle aux pays arabes : « Investissez chez nous ! » les supplie-t-il. « Et c’est à nous de payer ! » commente Mathieu Cochin, chef d’entreprise français qui passe tous les étés en Grèce chez sa belle-famille. « Tout cet argent confié à la Grèce, c’est de l’argent qui n’ira pas à nos écoles, à notre sécurité sociale déjà mal en point, à nos petites entreprises qui auraient bien besoin d’aide, tout ça parce que les Grecs sont mauvais gestionnaires », rouspète-t-il, en appelant au protectionnisme. « Le pouvoir d’achat des Français n’est pas assez bien portant pour faire la charité », s’insurge-t-il avec véhémence.
N’oublions pas que les Grecs, premières victimes de cette situation, payent le prix fort. En effet, après les diminutions de salaires des fonctionnaires, la Grèce s’apprête à suivre les recommandations de Dominique Strauss-Kahn. Le président du FMI l’affirme : « Il faut tailler dans les salaires du privé ! C’est le seul moyen de retrouver de la compétitivité », d’après l’agence Novopress. Et en France ? La crise va-t-elle s’arrêter à la frontière, comme le nuage de Tchernobyl ?
« Comme la Grèce, la France est vulnérable aux attaques des spéculateurs car, face à la crise financière, le gouvernement a choisi de devenir le garant des banques privées ayant souscrit des titres pourris, et il a donc transféré la dette privée à l’État, c’est-à-dire aux contribuables », analyse Raquel Garrido, secrétaire nationale du Parti de gauche, ancienne responsable de Force ouvrière et spécialiste de la politique internationale.
« L’erreur est de profiter de la crise grecque pour faire accepter un plan de rigueur en France – à commencer par la réforme des retraites – au lieu de faire une politique de relance qui commanderait  d’injecter de l’argent frais dans l’économie plutôt que d’en couper les vannes. Ce faisant, le scénario grec se profile en France… », présage-t-elle. Mathieu Cochin, quant à lui, ne croit pas à une contagion. « En Grèce, les syndicats sont plus influents qu’en France, puisque la quasi-moitié des salariés sont syndiqués, contre à peine 7 % chez nous. Les appels à la grève sont peu suivis ici. Les Français se serreraient la ceinture et se tairaient, c’est tout. »
Alors, une baisse de salaire serait-elle envisageable en France pour financer le plan de rigueur ? Si Rama Yade ou Christine Lagarde s’étaient déclarées prêtes à « baisser leurs salaires pour l’exemple », l’Élysée en a décidé autrement, arguant qu’une baisse des salaires ministériels entraînerait une baisse des salaires des hauts fonctionnaires, puis des fonctionnaires et enfin des agents de la fonction publique. Par ricochet, les salaires du secteur privé pourraient eux aussi être baissés, estime le président dans un communiqué.
Avec un PIB en déficit de 12 % au jour où nous écrivons, la Grèce a même annoncé qu’elle était contrainte de diminuer ses dépenses militaires. Certains experts y voient déjà le signe d’une guerre prochaine, rappelant, comme Jean-Claude Trichet, président de la BCE, que « la dernière fois qu’une situation économique a été aussi mauvaise, ça s’est terminé par la Seconde Guerre mondiale ». Dans son édito du 17 mai dernier dans Le Monde, Paul Seabright, de l’école d’économie de Toulouse, affirmait : « Ce n’est pas la Grèce qu’on a sauvée. Ce sont les banques. »
Marlène Schiappa

La crise grecque n’est pas seulement économique, elle est aussi sociale. Toutes les couches de la société sont touchées et c’est dans une ambiance révolutionnaire que les discussions pour relever la situation économique du pays ont lieu. Le 5 mai dernier, trois personnes trouvaient la mort dans l’attaque d’une banque au cocktail Molotov, et le 20 mai, des milliers de manifestants venaient montrer leur désapprobation du plan d’austérité devant le Parlement.

Les autres pays mettent donc la main à la poche. Le fonds de stabilisation de l’Union européenne s’élève à 440 milliards, auxquels il faut ajouter 60 milliards prêtés par l’UE, dont 110 millions sont garantis par la France. C’est un groupe chinois qui pourrait racheter les chemins de fer grecs, et le Premier ministre grec en appelle aux pays arabes : « Investissez chez nous ! » les supplie-t-il. « Et c’est à nous de payer ! » commente Mathieu Cochin, chef d’entreprise français qui passe tous les étés en Grèce chez sa belle-famille. « Tout cet argent confié à la Grèce, c’est de l’argent qui n’ira pas à nos écoles, à notre sécurité sociale déjà mal en point, à nos petites entreprises qui auraient bien besoin d’aide, tout ça parce que les Grecs sont mauvais gestionnaires », rouspète-t-il, en appelant au protectionnisme. « Le pouvoir d’achat des Français n’est pas assez bien portant pour faire la charité », s’insurge-t-il avec véhémence.

N’oublions pas que les Grecs, premières victimes de cette situation, payent le prix fort. En effet, après les diminutions de salaires des fonctionnaires, la Grèce s’apprête à suivre les recommandations de Dominique Strauss-Kahn. Le président du FMI l’affirme : « Il faut tailler dans les salaires du privé ! C’est le seul moyen de retrouver de la compétitivité », d’après l’agence Novopress. Et en France ? La crise va-t-elle s’arrêter à la frontière, comme le nuage de Tchernobyl ?

« Comme la Grèce, la France est vulnérable aux attaques des spéculateurs car, face à la crise financière, le gouvernement a choisi de devenir le garant des banques privées ayant souscrit des titres pourris, et il a donc transféré la dette privée à l’État, c’est-à-dire aux contribuables », analyse Raquel Garrido, secrétaire nationale du Parti de gauche, ancienne responsable de Force ouvrière et spécialiste de la politique internationale.

« L’erreur est de profiter de la crise grecque pour faire accepter un plan de rigueur en France – à commencer par la réforme des retraites – au lieu de faire une politique de relance qui commande
rait  d’injecter de l’argent frais dans l’économie plutôt que d’en couper les vannes. Ce faisant, le scénario grec se profile en France… »
, présage-t-elle. Mathieu Cochin, quant à lui, ne croit pas à une contagion. « En Grèce, les syndicats sont plus influents qu’en France, puisque la quasi-moitié des salariés sont syndiqués, contre à peine 7 % chez nous. Les appels à la grève sont peu suivis ici. Les Français se serreraient la ceinture et se tairaient, c’est tout. »

Alors, une baisse de salaire serait-elle envisageable en France pour financer le plan de rigueur ? Si Rama Yade ou Christine Lagarde s’étaient déclarées prêtes à « baisser leurs salaires pour l’exemple », l’Élysée en a décidé autrement, arguant qu’une baisse des salaires ministériels entraînerait une baisse des salaires des hauts fonctionnaires, puis des fonctionnaires et enfin des agents de la fonction publique. Par ricochet, les salaires du secteur privé pourraient eux aussi être baissés, estime le président dans un communiqué.

Avec un PIB en déficit de 12 % au jour où nous écrivons, la Grèce a même annoncé qu’elle était contrainte de diminuer ses dépenses militaires. Certains experts y voient déjà le signe d’une guerre prochaine, rappelant, comme Jean-Claude Trichet, président de la BCE, que « la dernière fois qu’une situation économique a été aussi mauvaise, ça s’est terminé par la Seconde Guerre mondiale ». Dans son édito du 17 mai dernier dans Le Monde, Paul Seabright, de l’école d’économie de Toulouse, affirmait : « Ce n’est pas la Grèce qu’on a sauvée. Ce sont les banques. »

Marlène Schiappa

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