La crise a-t-elle eu un impact sur la consommation ?

Malgré la crise, la consommation des ménageas augmente. Juliette se demande pourquoi et mène l'enquête pour Ecotidien. Par Juliette Speranza

Lorsqu’on pense au marché aux puces de Saint-Ouen, deux images se côtoient : celle du  premier marché d’antiquités au monde, attirant plus de 11 millions de visiteurs par an, mais également celle d’un endroit où les bonnes affaires sont courantes. Plus de 2500 stands implantés sur 7 hectares. Ecotidien a souhaité vérifier cette dernière assertion et s’est aventuré au cœur des puces afin d’y déceler les tendances et les dernières évolutions.

En compagnie de François, qui parcourt ce lieu plus que centenaire depuis une dizaine d’années, nous sommes allés chercher l’ambiance des puces, celle héritée de la tradition des chiffonniers parisiens qui s’installèrent ici à la fin du dix-neuvième siècle.

« De la Porte de Clignancourt au bas de l’avenue Michelet, l’esprit des puces est mort. On ne trouve plus que le streetwear, que du neuf, avec de la marchandise complètement uniformisée. » Nous longeons donc pléthore de stands, tous identiques, vendant baskets, pulls et jeans de grandes marques. Il faut compter en moyenne 50 euros pour une paire de baskets, le même prix pour un jean ou un sweat. La négociation ne va pas très loin même s’il est possible de trouver quelques bonnes affaires : deux paires de baskets de marques pour 50 euros ou une lampe orientale vendue 10 euros au lieu de 30. Malgré tout, nous sommes loin de la chine et des fripes.

En s’enfonçant un peu plus loin nous rencontrons Monique, ancienne céramiste qui tient une « table » sur laquelle elle vend quelques bibelots et autres objets d’art. « Moi j’achète aux enchères à Drouot. Ma marge est faible et les prix que je propose sont vraiment raisonnables. ». Nous observons ainsi un pommeau de canne, brisé, tête de bouledogue du dix-neuvième siècle sculptée dans l’ivoire. « Regardez le détail. Quand vous connaissez la difficulté de sculpter l’ivoire, vous ne pouvez qu’être admiratifs. Je l’ai eu à 150 euros et je le laisse à 200. » Sur un autre coin de la table, un haut de sceau représentant un rat sur une souche de dix centimètres de haut, vendu 400 euros. Comparés aux prix affichés à l’intérieur des différents marchés d’antiquaires situés un peu plus loin, ceux pratiqués par Monique restent corrects.

En continuant notre périple, nous parlons avec Bernard, disquaire depuis douze ans sur l’avenue principale menant à la Porte Montmartre. Les vinyles  partagent le pavé avec les DVD d’occasion. « Les puces restent encore un endroit bon marché. Comparées à d’autres lieux comme Saint Michel, oui nous pouvons affirmer que ça reste intéressant. » De 3 à 40 euros le disque, 5 euros le film…Les prix abordables sont néanmoins ceux du marché d’occasion.

Toujours rien d’exceptionnel donc, jusqu’à ce que nous croisions le magasin de fripes de Mathieu. Pour lui, les temps sont durs : « Nous subissons depuis quelques années la concurrence du pont, à la Porte Montmartre. » Pourtant Mathieu vend de la fripe, des piles de vêtements d’occasion tous bradés à deux euros pièces. On trouve de tout, beaucoup de marques et en bon état. « Le problème c’est que ce que je vends à deux euros, les marchands du pont le vendent à cinquante centimes ou un euro. »

Mais qui sont ces marchands du pont ?  François nous éclaire. « Le pont, c’est sous le périphérique à la Porte Montmartre. On peut dire que le véritable esprit des puces se trouve désormais là bas, dans la tradition des chiffonniers parisiens. » Direction donc ce lieu insolite. Arrivés Porte Montmartre, les draps posés à même le sol s’étalent sur quelques centaines de mètres. Ici, tout est différent. Des câbles, des appareils électroniques usagés, baladeurs, réveils, auto radio, caméra vidéo. Des vinyles, des DVD, des bouteilles de parfum à moitié pleines, des chaussures usagées en masse, une marchandise chinée dans les poubelles en majorité. On aperçoit même des vendeurs de nourriture, camemberts sans emballages, bouteilles de jus de fruit…Pas sûr que la chaîne du froid soit respectée ! «  Ici, vous trouvez tout ce que vous voulez. Tout se vend ! Les prix sont les plus bas des puces, mais les installations sont illégales. Régulièrement, la Police fait son apparition. Tous les vendeurs remballent en quelques secondes, puis se réinstallent dix minutes plus tard. Il y a une certaine tolérance. »

Nous voilà donc au cœur des puces, là où se trouvent désormais les bonnes affaires. Il y règne une forme d’exotisme, comme sur un marché africain. Nous repartons donc enfin convaincus du bien fondé de la réputation de ce lieu classé Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager. Finalement François conclut en nous donnant sa recette « Le secret, c’est la patience et la régularité. Il faut se balader, fouiller et venir toutes les semaines. Vous êtes certains de trouver ce qui vous intéresse. » Rendez-vous est donc pris pour dimanche prochain…

Ange Santenard

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