Ils ont créé leur propre e-commerce

50 000 sites marchands coexitent en France cette année : Écotidien est allé à la rencontre de ces vendeurs du Web qui partagent leur expérience avec nous.

Les utilisateurs ne semblent pas encore plébisciter ce mode de lecture. Et pourtant, l’offre est là. Les sites de recherche comme les grandes bibliothèques mettent en ligne des millions d’ouvrages, parfois au détriment des droits d’auteur ou de la qualité. On connaît bien Google Livres mais déjà moins le site de la Bibliothèque nationale de France, Gallica.fr.

Plusieurs problèmes sont posés : financiers, juridiques, politiques. Chez Gallimard, par exemple, un des plus importants éditeurs français, on n’hésite pas à riposter en attaquant Google en justice pour préserver le respect des droits d’auteur. Un livre en ligne, c’est un livre acheté en moins ! Surtout, il existe un problème culturel : va-t-on assister à la disparition du livre imprimé ? Cela serait une totale rupture dans notre manière de vivre ! Finis les relieurs, les bouquinistes, les bibliophiles, les bibliothécaires, les promenades le long des quais à la recherche du livre corné à 1 euro… Plus exactement, les livres seraient réservés aux très riches, les mêmes qui achètent œuvres d’art et piscines (les secondes pour y ranger les premières, peut-être ?).

Le livre électronique va-t-il faire disparaître les livres « papier » ou au contraire démocratiser l’édition et la culture ? Ce n’est pas une question si simple. Écartons l’écologie, parce que nous avons appris qu’un simple clic de souris est également source de pollution (même si ce n’est pas comparable à l’abattage d’un arbre). Mathias, historien russe, explique : « Grâce à Gallica, par exemple, je peux consulter de chez moi, à Moscou, des centaines de textes historiques que je devais aller voir dans les centres d’archives à Paris ». C’est un progrès incontestable pour des ouvrages rares et difficiles. La bibliothèque virtuelle met aussi les étudiants sur un pied d’égalité : nul besoin d’avoir des pièces garnies d’encyclopédie par les parents, une connexion fait l’affaire !

Fantine, 38 ans, enseignante, qui doit certainement son prénom à Victor Hugo, n’est pas de cet avis : « Quel intérêt de mettre en ligne un livre de poche que tout le monde peut prendre dans une bibliothèque municipale et qui, grâce aux efforts des éditeurs, peut se trouver à des prix très abordables ? Un livre, c’est d’abord un objet, presque un ami qui vous accompagne. » Noël, ancien militaire, surenchérit : « J’ai avec moi des livres qui m’accompagnent depuis mon enfance ». Un doudou culturel, en somme ?

Avec la sortie de l’iPad, lire sur un écran va sans doute se démocratiser grâce au « e-reader » : la tablette d’Apple propose déjà de s’abonner, moyennant finance, aux plus grands titres de presse pour les recevoir sur son iPad. Les livres électroniques, sur ce même modèle économique, seront bientôt tous disponibles.

Étonnamment, pour Armande, attachée de presse dans une grande maison d’édition française, le livre en ligne est une chance. « Au lieu de partir en vacances avec un excédent de bagages, on pourra remplir un écran. Cela va nous permettre aussi de faire découvrir des nouveaux romans plus facilement : d’abord par le biais électronique et, si ça marche et que les médias accrochent, en les publiant sur papier : c’est ce qui se fait d’ailleurs avec les blogauteurs… », souligne-t-elle. « Par ailleurs, on peut découvrir des manuscrits originaux ! » Chateaubriand, Casanova, Beethoven : ils y sont tous référencés !

Peut-être le livre numérique va-t-il simplement faire découvrir à certains le plaisir de la lecture ? On se souvient que ceux qui critiquaient le succès de Harry Potter ont été les premiers surpris de voir combien de ces lecteurs primaires avaient pris le chemin des librairies. Et si les fanas de jeux vidéo se mettaient à lire ? Les spécialistes ne sont pas convaincus. « Un livre électronique va coûter le même prix, voire plus cher, qu’un livre papier », précise Fantine, qui refuse de s’équiper en conséquence.

Si tout ceci ne vous convient pas, une dernière possibilité : imprimez le livre numérique et, à condition de le relier, vous aurez un très bel objet composé de plusieurs centaines de pages appelé… « livre ».

Alice Buckler

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