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Qui n’a rêvé d’être journaliste ? Être celui que la France attend à 20 heures, interviewer de grands hommes politiques, être en direct dans les vestiaires de l’équipe de France (en 1998, pas en 2010…), avoir le scoop de l’interview en tchétchène de Poutine. Bref, le cocktail, le nœud papillon, le champagne, entre James Bond et Bill Gates ! Ou coincée dans un dressing digne du Diable s’habille en Prada, couverte de cadeaux de luxe…

40 euros le feuillet, sans contrat de travail

Ça, c’est le rêve. Mais l’immense majorité des journalistes ne passe jamais à la télé, et peine à boucler ses fins de mois. Albert, 53 ans, cravate en tire-bouchon et canette de Coca tiède à la main,  nous confie passer son temps à recopier des dépêches d’agence pour un titre de presse écrite. « Je touche 40 euros le feuillet de 1500 signes », indique-t-il : c’est à peine plus que le tarif minimum syndical (source : Syndicat des journalistes). Peu à peu, les budgets diminuant, la concurrence de la presse gratuite puis d’Internet augmentant, le métier de journaliste à la Tintin s’est considérablement modifié, incitant même certains à parler de « journalisme lol ».

Voyages, voyages… de presse

Mais il existe des avantages… Enfin, c’est ce qu’on dit ! Irène (le prénom a été modifié), 26 ans, est journaliste d’une rubrique « loisirs » pour un grand journal. Elle part trois fois par an en voyage de presse : « Le trajet, l’hébergement et même les activités sont payées ! On part gratuitement pour pouvoir tester le voyage, et faire ensuite un article sur la destination. Ça peut être financé par l’office du tourisme ou une marque de tour-opérateur… » Une pratique récente : « Avant, les journaux payaient eux-mêmes les voyages, pour se permettre ensuite de critiquer », déplore Marie, 43 ans dont 20 passés comme journaliste « tourisme ». Quoi qu’il en soit, le journaliste salarié paye rarement son voyage, tandis que le pigiste, lui, doit souvent avancer les frais – parfois non remboursés.

Arrondir ses fins de mois en monnayant sa présence

Les journalistes connus – qui sont une très petite minorité – peuvent faire des « ménages », comme on dit. Inaugurer tel centre commercial, animer un débat politique (en fait, cela revient à prononcer quelques mots de présentation avec une vague référence culturelle et à remercier les intervenants à la fin)… C’est souvent très bien payé mais peu gratifiant. « Une grande journaliste connue de TF1 animait régulièrement des conférences pour nos clients », affirme un consultant en communication, désirant rester anonyme. « L’addition ? 500 euros la présence, pour une soirée et un speech. Et encore… »

Des « petits cadeaux » revendus aussitôt ?

Et les fameux avantages en nature ? Là, Albert éclate de rire : « Pour les trois quarts, ce sont des livres illisibles : les mémoires d’un joueur de tennis de 32 ans ou le premier roman du député ; on les a en service de presse ; on peut les revendre, avec ou sans dédicace, et on les reconnaît facilement chez les bouquinistes : les lettres « SP » sont imprimées un peu partout… » Là, Olivia, attachée de presse pour une maison d’édition, n’est pas d’accord : « Je vois sur Internet des livres que j’ai envoyés en service de presse revendus en occasion avant même leur sortie ! Ça ne peut être que les journalistes qui, après les avoir lus, les revendent en ligne… »

Un gouffre entre le pigiste et le salarié

La rémunération, en tout cas, reste très basse pour la majorité des journalistes. Micro-trottoir à la sortie d’une soirée presse : « 50 euros la pige », lance une jeune femme de 30 ans, toujours à la recherche de son premier CDI ; « 65 euros mais sur facture : j’ai dû devenir autoentrepreneur, rubrique ‘’conseil’’ », affirme un quadra dynamique. « 250 euros le feuillet », affirme une grande blonde qui s’attire les regards désapprobateurs de l’assemblée. « Moi, je suis salariée dans la presse people. Je gagne 2300 euros nets, j’ai bac +6 et je travaille de 7 heures à 21 heures en moyenne. Heureusement, j’ai souvent des produits de maquillage gratuits ! » « Moi, je suis journaliste politique, pigiste bien sûr, je ne reçois jamais d’homme politique à tester », plaisante un tout jeune homme.

« Moins bien payée que la baby-sitter ! »

Autre moyen d’arrondir ses fins de mois : l’édition. Chaque journaliste ayant développé une spécialité, il n’est pas rare qu’il puisse publier un livre d’enquête. Là encore, halte au mythe : « J’ai touché 1000 euros d’avance sur mes droits d’auteur, puis environ 10 % des recettes, mais ça fait deux ans que le livre est sorti et je n’ai rien reçu de plus. En taux horaire, ma baby sitter gagne plus que moi… » raconte une autre journaliste. « Il faut vraiment être très connu pour bien gagner sa vie dans ce métier ! Mais à cause d’une minorité surpayée et médiatisée, les gens s’imaginent que nous sommes tous richissimes et intimes du président de la République. Alors que la majorité d’entre nous gagne moins qu’un cadre moyen… » La carte de presse, elle, permet d’entrer gratuitement dans de nombreux événements, et offre le tarif réduit pour les musées, expositions… Encore faut-il l’avoir ! Seuls quelques élus peuvent y prétendre, après un an de journalisme et avec des conditions draconiennes. En France, ils sont 37 000 à en être titulaire : un chiffre en net recul par rapport aux années précédentes.

Alice Buckler

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