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Car elles intriguent. Non, elles ne veulent pas se cantonner aux couches et aux petits pots en délaissant leur carrière. Et pourtant, non, elles n’imaginent pas non plus abandonner leur progéniture à des nounous douze heures par jour.

Partout en France, elles représentent une évolution du statut de la femme active, et plus précisément de la mère, qui refuse aussi bien le statut de businesswoman sans vie de famille que celui de « maman à plein temps ».  Leurs aspirations consistent en un équilibre entre une vie de famille et une carrière épanouies. Et, toutes les mamans le savent, la tâche est rude. Aussi les mompreneurs ont-elles eu l’idée de se réunir, dans une perspective d’entraide et de solidarité. En 2008, Céline Fénie crée l’association « Mompreneurs » autour d’une poignée de femmes. Deux ans après notre rencontre, où en sont ces super-mamans ?

Une mompreneur, qu’est-ce que c’est ? Une femme d’affaires ? Une maman à plein temps ? « Le principe, c’est justement d’être entre les deux », explique Céline Fénie, trente ans, à la tête de Maman Shopping. C’est elle qui a popularisé l’expression en France. « On n’est ni l’une ni l’autre. Le principe est de réussir à avoir une activité professionnelle épanouissante en gardant quand même une certaine flexibilité au niveau des horaires, par exemple, pour que cette carrière professionnelle n’entre pas en conflit avec la vie familiale. »

Anaïs Lunet a également trente ans, elle fait partie de la deuxième vague de Mompreneurs. Après avoir travaillé comme attachée de presse dans le cinéma puis dans la puériculture, cette jeune femme a tout arrêté pour créer sa propre entreprise. Ses motivations ? La fin d’un CDD et, surtout, l’arrivée de son petit garçon. À cet instant, Anaïs Lunet révise ses priorités : « J’ai réalisé que je calquais ma vie privée sur ma vie professionnelle », explique-t-elle. À la naissance de son fils, elle décide donc de trouver une activité lui permettant d’harmoniser sa vie de famille et son travail, devenus antinomiques.

Elle crée de fait en 2009 son entreprise d’accompagnement périnatal, B for Baby, dont le principe n’est pas de se substituer, loin s’en faut, au corps médical, mais de travailler avec lui. Avec le concours d’une sage-femme, d’une architecte d’intérieur, d’une auxiliaire de puériculture, d’une intervenante sur « l’image de soi », elle accompagne les futurs et jeunes parents dans toutes leurs démarches. Aujourd’hui, Anaïs Lunet fait un travail qui lui plaît, et lui permet de « gérer » son bébé et son mari, dans un réel « équilibre familial ».

En 2008, nous avions aussi interviewé Nadia Djekboub : elle pensait à créer un commerce en ligne d’accessoires de décoration. Chose faite : elle a créé en 2008 Instemporel, site de vente en ligne de décoration pour les fêtes et mariages qui cartonne littéralement. « Après cinq ans en tant qu’ingénieur en informatique dans une société de services à Paris, j’ai eu envie de changer de cap. » La raison de cette volonté de se mettre à son compte ? Il s’agissait aussi pour Nadia d’un heureux événement (mais susceptible de compliquer la vie professionnelle) : « C’est à la naissance de mon premier enfant que j’ai commencé à me dire que ce rythme serait ingérable à long terme malgré un travail intéressant, un poste à responsabilité et une équipe qui me soutenait… L’idée de me mettre à mon compte à germé un peu par hasard en 2005 quand j’ai préparé le baptême de mon fils et que je me suis rendu compte du manque d’originalité des sites internet français – et cette idée n’a cessé de me suivre… »

Si les mompreneurs travaillent largement autant d’heures que des salariés lambda, (« à nous les nuits blanches sur l’ordinateur », disent-elles), elles peuvent, dans la mesure du possible, adapter leur temps de travail à leur vie de famille, et ce n’est pas pour déplaire à Nadia Djekboubi : « Quand on est à son compte, l’avantage est que l’on est maître de son agenda et de son temps : moins de stress pour déposer les enfants à l’école et encore moins quand il faut les emmener au parc, voir le médecin… L’avantage principal est là : la souplesse dans la vie de tous les jours, c’est une liberté à laquelle on s’habitue très vite et je crois que j’aurais du mal à revenir à un poste salarié après ça, avec toute la hiérarchisation que cela implique. »

Cependant, et elles le reconnaissent volontiers, il faut faire preuve de beaucoup d’organisation :  « Quand on est à son compte, surtout au début, on a tendance à croire que l’on va tout gérer facilement : la maison, les courses, les enfants et le travail… On se prend un peu pour une super-maman », se rappelle Nadia Djekboubi. Mais la nécessité de  s’imposer un rythme similaire à celui que l’on avait en entreprise se fait vite sentir, « quitte à laisser les enfants manger à la cantine (jusqu’ici ils n’en sont pas morts) et à la garderie (non, la garderie ne tue pas non plus !) ».

Si Anaïs Lunet a choisi d’être une mompreneur, c’est aussi parce que son salaire est sensiblement équivalent à ceux qui lui ont été proposés lors de propositions antérieures, avec tous les avantages que représente son statut. En revanche, rappelle-t-elle, la quantité de travail est certainement supérieure, sans sécurité de l’emploi. C’est pourquoi, ajoute Nadia Djekboubi, le travail stable du conjoint est primordial pour développer sereinement son activité : « Cela peut vite devenir difficile pour des mompreneurs si le conjoint n’est pas là pour faire bouillir la marmite… »  Bien que de nombreuses mompreneurs soient aussi des mamans seules ou les compagnes d’hommes aux petits revenus qui, dans ce cas, ont encore moins le droit à l’erreur.

Autre mot d’ordre des mompreneurs : la solidarité. C’est dans cette optique que Céline Fénie a créé l’association Mompreneurs. Selon Anaïs Lunet, le concept est « génial ». Il permet aux femmes de se donner des tuyaux, encourage l’entraide. À la fin de chaque réunion, il y a un tour de table où chacune exprime ses craintes ou ses besoins. « L’association est également axée business car elle permet de se regrouper pour faire des actions commerciales, ou de communication, a grande échelle », explique Céline Fénie. Le 18 juin, elles organisent une grande réunion à Sciences po : « le Printemps des Mompreneurs ». Ateliers, formation, coaching mais aussi moments de détente… avec une baby-sitter pour s’occuper des enfants !

Les Mompreneurs, ça sert aussi et surtout à sortir de l’isolement inhérent au statut d’entrepreneur,  à apporter un soutien moral, de la confiance en soi, en bref à « regrouper les mompreneurs et ainsi lutter contre l’isolement car beaucoup travaillent de chez elles. À la fois grâce aux “mamcafés” (réunions mensuelles organisés à Paris et en province) et au réseau sociaux : forums, Facebook… », explique Céline Fénie. Pour Nadia, c’est un vrai réseau de partage : « On n’hésite pas à s’appeler pour parler business et s’apporter du soutien et des conseils… On apprend tous les jours, et autant éviter de tomber dans les pièges… »

Un site, un blog national, des blogs régionaux, un forum, un site shopping, des dizaines de partenariats entre mompreneurs, et surtout leur convention annuelle en juin… Le réseau des Mompreneurs s’étend au-delà des espérances de sa créatrice : « Bientôt 250 adhérentes et plus de 1200 personnes dans notre réseau », a
nnonce fièrement Céline Fénie.

Juliette Speranza
crédit photo : Florence Akouka

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