Tous égaux face au Tamiflu ?

Un stock de Tamiflu pour la moitié de la population française seulement, une gratuité des soins aléatoire, et la menace d'un virus mutant pour la rentrée d'après les spécialistes, sommes-nous tous égaux face à la grippe A ?

« Je suis resté interdit bancaire pendant 3 mois en 2008», confie Damien, 45 ans. Et à l’entendre, on ne l’y reprendra plus. « C’était la galère ! », souffle-t-il. Pas de carte de paiement, pas de chéquier… C’est un peu le principe.

Pour rappel, on parle d’interdit bancaire lorsqu’un chèque sans provision a été émis. Résultat, la banque refuse d’avancer la somme. L’ensemble de vos comptes, toutes banques confondues, passe sous le coup de cette sanction. C’est le cas de Jérémy, 31 ans. Après plusieurs chèques sans provision, il a été “interdit bancaire”.

Que se passe-t-il concrètement ?

Deux options s’offrent à vous.

Premier scénario, vous payez la somme, c’est-à-dire la valeur du chèque. Dans ce cas-là, vous avez 2 mois pour passer à votre banque, verser le montant en question. A vous d’informer le bénéficiaire du chèque qu’il peut maintenant l’encaisser. L’interdit bancaire sera alors levé immédiatement.

Deuxième scénario, vous ne payez pas la somme. L’interdit bancaire court alors pour une période pouvant aller jusqu’à 5 ans. Vous êtes alors enregistré au Fichier central des chèques (FCC), géré par la Banque de France. C’est le cas de Jérémy, qui n’a pas eu la possibilité de régler immédiatement la somme due.

A noter : libre à vous de régulariser votre situation même avant la fin des 5 années. En plus de la somme à régler, vous aurez à acquitter un timbre-amende (22 euros par tranche de 150 euros non-réglés).

Comment vivre avec un interdit bancaire ?

On fait une croix sur les cartes de paiement, le chéquier et aussi les crédits, qu’ils soient immobiliers ou à la consommation. “Un simple achat de voiture, ou même une location de voiture en leasing c’est impossible” confie Jérémy. Mais contrairement à ce que l’on pense, les personnes sous interdit bancaire ne sont pas condamnées à la simple carte de retrait…

Depuis quelques années, les banques ont lancé des cartes de crédit type « électron ». Souvent appelée carte anti-dépassement, elles permettent de mieux contrôler ses dépenses surtout si l’on traîne un interdit bancaire. « Avec ce moyen de paiement, vous pouvez faire des retraits ou des achats en France ou à l’étranger », précise Kevin, chargé de clientèle dans une banque parisienne.

La contrepartie ? Vous disposez d’une possibilité de retrait maximal variant entre 200 euros et 300 euros selon les banques et d’une semaine à l’autre (7 jours glissants). Idem pour les paiements. Jérémy a une carte de ce type: “Sur les bateaux, elle est refusée… dans les taxis aussi, souvent… la carte Electron, c’est marquer sur votre front que vous êtes mauvais payeur.”

Autre caractéristique, à chaque paiement, votre compte est systématiquement « interrogé ». Le but étant de savoir s’il y a bien provision ou non. Si vous êtes interdit bancaire et tenté par cette carte, renseignez-vous auprès de votre banquier. Mais attention, rares sont ceux qui vous la proposeront d’emblée…

” Les banques sont assez réfractaires à l’idée de munir les interdits bancaires de cette carte, lâche Kevin, presque à demi-mots. Dans ma carrière, j’ai souvent entendu les interdits bancaires, vous ne perdez pas de temps avec eux ! “

Sachez aussi que l’ouverture d’un compte est régie par la loi. On parle du « droit au compte ». Il s’agit d’une procédure à lancer auprès de la Banque de France. Si vous renoncez à une carte de paiement ou un compte en banque, il vous reste toujours la Banque Postale. Pour payer vos factures par exemple. Très peu de personnes le savent mais la plupart des grandes entreprises disposent d’un compte postal. Très pratique pour payer les factures par mandats cash si vous aussi vous êtes à la Banque Postale.

Vivre sous interdit bancaire, c’est aussi ne plus pouvoir faire de chèque. La cantine des enfants, la coopérative de l’école, le loyer, les impôts… tout doit donc être payé en cash ! Seule alternative: le chèque de banque, payant lui aussi.

Mais si on vit avec un interdit bancaire, reste que le mieux est encore de régulariser cette situation au plus vite. “ C’est mon objectif pour 2011…” confirme Jérémy. Nous lui souhaitons d’y arriver.

Nadia Henni

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