Le SEL au secours du pouvoir d’achat

Connaissez-vous le SEL ? Avec le Système d’Echange Local, on achète et on vend sans argent... Nadia nous explique, en détails,  comment donner pour recevoir. Mode d'emploi.

Un lit à donner ou un déménagement à organiser ? Passez donc par le Système d’échange local (SEL) ! Crée dans les années 80 au Canada, le réseau fait ses premiers émules en France en 1994. Depuis, il a conquis de nombreux Français séduit par ce mode de consommation où l’argent n’est pas une préoccupation.

Et si l’argent n’était plus nécessaire à la consommation? Pour les adeptes du Système d’échange local (SEL), c’est une évidence. Le principe est plutôt simple : les adhérents du SEL – il y en a 300 en France- procèdent à des échanges de services. Pour un euro par mois, ils accèdent au groupe Yahoo propre à leur département ou arrondissement où chaque jour une dizaine d’annonces transite. Nadia, une assistante maternelle à la retraite, est adhérente d’un SEL depuis 14 ans. « Si j’ai besoin d’une aide informatique, je fais appel au SEL. On a un chéquier avec un numéro. Celui qui rend ce service indique sur son chèque qu’il m’a aidé pour 60 grains de sel. Je signe et à la fin de l’année, on fait les comptes.» Une condition quand même. « Ne pas être débiteur ! précise t-elle.
L’originalité repose sur l’absence de monnaie réelle. Ici, point d’euros. « Mais plutôt des grains de sel, des piafs ou même des minutes. » souligne Nadia. Et à l’écouter, parler d’argent serait presque tabou. « On n’a pas forcément besoin de parler d’euros. On évite même le sujet. Même si avec la crise, certains dérapent. » lâche t- elle. Car détrompez vous, les adhérents du SEL ne sont pas dans une logique purement économique. « On s’est lancé dans ce procédé d’abord pour se faire plaisir. C’est un mode de consommation plus sain mais attention ce n’est pas du troc !» tonne t- elle. En clair, un séliste pose votre carrelage, vous créditez son compte avec la monnaie de votre SEL.

Un point clé dans le réseau, restaurer le lien social tout en consommant.

Rachid, coordinateur social en Gironde, insiste beaucoup sur cet aspect. « Avec le SEL, on n’est plus dans un magasin où tu prend tout et n’importe quoi. Quand je vais réparer les fenêtres chez un papy, on est dans une rencontre, on se rend service…cela t’enrichit » explique ce séliste, tombé dans la marmite en 1996. Depuis, passer par le SEL pour lui est devenu une habitude presque un réflexe. Il faut dire que Rachid est plutôt curieux et surtout impliqué dans le réseau associatif. Et pour ce militant de gauche, le SEL est « un système monétaire sans risque. Je ne fais pas faillite. Si je pars un jour en ayant un débit de 500 grains de sel, je n’aurais ruiné personne. C’est une monnaie fictive » lance t-il, la voix pleine de conviction.

D’autant qu’avec la crise actuelle, les sélistes se remettent à évoquer l’argent habituellement, sujet proscrit des discussions. Comme Chantal, 71 ans, séliste parisienne depuis 2000. « Le SEL est un bon moyen de faire des économies dans le contexte actuel. » Avant d’ajouter, « j’ai hébergé un séliste il y a quelques temps. En contrepartie il a peint une pièce dans ma maison du Sud de la France». Quoi de plus concret comme économie ! Pour autant, le SEL reste un réseau d’initiés, loin de la consommation de masse. Si à Paris, il compte 1000 membres, en province, le réseau reste concentré autour de quelques adhérents. « A Montargis, nous sommes une dizaine.» confirme Nadia.

Pourquoi le SEL reste si peu connu alors que tout y est « gratuit » ? Parmi les raisons évoquées, la nécessaire connaissance du milieu associatif. Le SEL repose sur une vision solidaire de la consommation et bien souvent les sélistes sont très impliqués dans des actions citoyennes. «J’ai un réseau important, j’ai beaucoup voyagé et j’avais entendu parler du SEL. Une fois à la retraite, j’ai adhéré car je recherchais une aide en informatique» confie Chantal. Autre explication, la méfiance. Il faut bien le rappeler, un séliste est avant tout un inconnu. Alors pour se prémunir d’éventuels arnaqueurs, « les adhérents au SEL transmettent leurs coordonnées, numéro de police. Ainsi, les adhérents peuvent s’informer, ils ne vont pas à l’aveuglette » affirme Nadia.

Après tout, ça ne viendrait pas à l’esprit des 60 millions de Français, de dispenser gratuitement des cours de guitare, de proposer du jardinage ou même d’accueillir un inconnu chez soi ! A l’instar de la route des SEL d’ailleurs qui propose un hébergement en France et dans le monde entier. Enfin, adhérer au SEL c’est accepter de consommer mais aussi…de donner en échange. « On n’est plus dans la consommation unilatérale. C’est avant tout des échanges.» Plus besoin d’argent certes. Ici, il faut du temps et c’est encore une autre histoire…

Le SEL en chiffre :
Le SEL en France, c’est 350 groupes répartis dans près de 80 départements.
A l’échelle européenne, on en trouve un peu partout Italie, Allemagne, Espagne, Suisse…

Concrètement, comment adhérer au SEL ?
Inscription en ligne sur : www.selidaire.org. Pour obtenir les coordonnées du SEL de votre département, envoyez un mail à : secretariat@selidaire.org
Comptez 1 euro par mois pour l’adhésion.

Comment accédez aux groupes Yahoo?
En adhérant au SEL, vous êtes automatiquement rattaché au groupe Yahoo qui en dépend. Une condition quand même : avoir une adresse Yahoo.

Quels moyens pour être sûr de la fiabilité des autres membres?
Au moment de l’inscription, vous devrez transmettre coordonnées complètes et votre numéro de police. Pour se prémunir d’éventuels abus, le SEL a mis en place une charte de bonne conduite.

Combien d’offres en ligne transitent sur le groupe?
Parmi les échanges les plus importants, du matériel informatique, du mobilier neuf et même une voiture d’occasion !

Nadia Moulaï

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