Ces jeunes obligés de s’expatrier

En France, c'est la crise et ils ne trouvent pas de jobs. Ils sont obligés de partir en Ecosse, en Chine, au Moyen-Orient pour trouver un emploi payé correctement ou monter leur entreprise. Reportage.

Fondateur d’Alter Eco, une entreprise spécialisée dans l’importation et la distribution de produits du Commerce Équitable.

Pourquoi faut-il du commerce équitable ?

F.K.Les productions des petits producteurs – café, cacao, banane… – assurent de confortables revenus à quantité d’intermédiaires : exportateurs, transformateurs, grossistes, distributeurs. Le commerce équitable a l’ambition de remédier à ce déséquilibre intolérable.

T.L.Les petits producteurs agricoles représentent, avec leurs familles, 2/3 de l’humanité. Souvent isolés et propriétaires de petites surfaces cultivées, ils sont soumis aux fluctuations boursières des matières premières agricoles. Il est nécessaire de les accompagner vers une autonomie, de les affranchir des intermédiaires les moins vertueux et de participer à leur développement durable en les soutenant grâce au commerce équitable.

C’est quoi les principes de base ?

T.L.Tisser des liens forts et durables avec les producteurs du Sud les plus défavorisés, regroupés en coopératives, en mettant en place des conditions commerciales.

F.K.Pour chaque produit, un prix-plancher doit assurer une juste rémunération, et verse une prime de développement aux organisations de producteurs pour leur permettre de s’équiper, de créer des infrastructures

Acheter équitable, ça a un réel impact sur les régions productrices ?

F.K.Un grand nombre de communautés et d’organisations de producteurs ont vu leur vie s’améliorer grâce au commerce équitable. Mais l’essentiel du négoce international continue de profiter aux mêmes intermédiaires. On peut néanmoins saluer l’émergence d’un consommateur « responsable », qui s’interroge – parfois – sur les conditions de production de ses achats. Le commerce équitable a sans nul doute contribué à cette prise de conscience.

T.L.Les bénéfices de la démarche sont le plus souvent visibles à partir de 10 à 15 ans de collaboration. Mais il est un moyen de transférer la valeur ajoutée au maximum chez les pays producteur et permet également, grâce aux primes de développement, de financer des projets économiques, sociaux et environnementaux qui seront choisis démocratiquement par les producteurs eux-mêmes.

Les produits labellisés « commerce équitable » sont-ils soumis à une charte stricte ?

T.L.Les produits qui portent par exemple le Label Max Havelaar sont soumis à une charte particulière. Pour chaque produit, il existe un prix minimum et des critères à respecter, notamment sur les problématiques sociales et environnementales. Mais il ne s’agit que du strict minimum. Il faut militer aussi en interne pour que le système de garantie Max Havelaar soit de plus en plus exigeant, surtout avec l’arrivée massive des industriels et des distributeurs qui commercialisent désormais eux-aussi des produits labellisés.

F.K.Les normes qui définissent le commerce équitable sont très précises : droit des travailleurs, interdiction du travail des enfants, meilleures pratiques environnementales… Au-delà de ces critères, le commerce équitable s’est donné pour mission de « mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel ». Or, les filières commerce équitable ont désormais intégré de gros opérateurs qui s’accommodent parfaitement des pratiques du commerce conventionnel. Il y a là une contradiction qui, selon moi, pose problème.

Ce serait quoi le danger des alliances entre commerce équitable et industriels ? S’il y en a ?

F.K.Le risque principal est de semer le doute dans l’esprit du consommateur qui peut suspecter une récupération marketing de type « greenwashing » alors que le système, par ailleurs, a fait ses preuves.

T.L.Le risque d’une implication des grands groupes dans le commerce équitable n’est encore une fois réel que si les garanties, les critères, les cahiers des charges, ne sont pas suffisamment engageants et exigeants. Le premier risque est que les industriels et distributeurs ne fassent le choix du « greenwashing », en ne proposant que 2 ou 3 références équitables sur leurs gammes qui en comptent parfois plusieurs milliers.

Alors si je veux être sûre d’acheter un produit qui respecte bien ces règles, comment faire ?

F.K.En choisissant des labels ou marques reconnues : Max Havelaar, Artisans du Monde, Ethiquable, Alter Eco. Par ailleurs, le site de la Plate-forme du commerce équitable référence tous les acteurs adhérant à ces règles.

T.L.Il est important de prendre en compte toutes les problématiques du développement durable, qu’elles soient économiques, sociales ou environnementales. C’est vers ce type de démarches qu’il faut se tourner car elles s’inscrivent dans une logique de progrès et de cohérence.

Propos reccueilllis par Juliette Speranza

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