Au secours, mon banquier ne veut pas me laisser partir

En théorie, vous pouvez fermer votre compte bancaire quand bon vous semble. Mais en pratique, votre banquier n'a pas très envie de se laisser abandonner... Par Chaker Nouri.

Martine Heinzer, la responsable des pays francophones de Trocmaison, filiale de Homeexchange, nous indiquait en juin 2008 que la formule avait séduit près de 20 000 membres. Un an après, ce sont 27 000 inscrits qui échangent leurs chaumières via ce site, soit en moyenne 580 nouveaux adeptes chaque mois dans plus de 110 pays.

Plus généralement, l’offre s’est multipliée : on comptait à peine 5 sites francophones consacrés à l’échange de maisons et d’appartements l’an dernier, ils sont aujourd’hui plus de 30 à être présents sur le web. Homelink, le pionnier, affirme être sur le créneau de l’échange de maisons depuis… les années 50, et diffuse notamment un catalogue papier pour les personnes qui n’ont pas accès à internet. Parmi les sites en gestation, certains promettent même des services annexes pour se démarquer, comme visites en vidéo ou guides de voyage en ligne. D’autres ajoutent une notion éthique, comme Globehomelidays qui reversera 1 € de chaque adhésion à SOS Village d’enfants, association parrainée par Anny Duperey, en partant du principe que « ceux qui échangent un toit, et donc en ont un, peuvent aider ceux qui n’en ont pas. »

Outre l’aspect pratique et économique, c’est aussi cette quête de sens qui pousse les vacanciers à échanger plutôt qu’à louer. L’an dernier, les personnes interrogées par Ecotidien plaçaient le caractère bon marché en tête de leurs motivations, suivi par l’aspect convivial (trouver à son arrivée un réfrigérateur rempli, un courrier de l’occupant habituel avec ses bonnes adresses, ou retrouver ses plantes arrosées à son retour chez soi, par exemple). Cette année, c’est le côté durable qui prime : ne laisser aucune maison tourner « à vide » en l’absence de son occupant, « éviter les barres d’hôtels et les clubs » et « se fondre dans l’habitat local » sont des motifs encore plus valables aux yeux des « échangeurs » dont le nombre est exponentiel. Sur 1sthomeexchange, un site canadien, on trouve plus de 17 000 candidats à l’échange, et sur Echangersamaison.com, plusieurs milliers  d’offres, souvent en France, sont disponibles.

Autre signe de succès, il existe même maintenant des « comparateurs de sites d’échange de maisons » qui notent la qualité, l’offre et le prix. L’an dernier, échanger sa maison se faisait presque gratuitement, les frais d’inscription aux sites étant ou inexistants, ou très bas. Cette année, succès oblige, ils ont grimpé en flèche : entre 45€ et 120€ l’inscription pour une année, permettant de diffuser des annonces et d’y répondre. Un coût élevé qui risque d’exclure les anciens aficionados de l’échange…

Dans ces conditions, Sylvain, qui avait été séduit l’an dernier, n’est pas sûr de remettre ça : « J’avais troqué mon 3 pièces en Bretagne contre une petite maison en Tunisie, parce que c’était presque gratuit. Cette année, je vois qu’il faut payer une centaine d’Euros juste pour avoir accès aux annonces, ce qui est le prix d’une location de maison classique, dans la région de Tunisie où je vais ! »

Etrangement, maintenant que les sites de « troc de maisons » connaissent un franc succès et ont fait connaître le principe au grand public, les personnes intéressées par le concept tentent de les contourner. Ainsi, en septembre, Lydia ira passer une semaine à Amsterdam chez une ancienne collègue, pendant que celle-ci occupera son appartement à Vincennes, sans aucun passage par un site d’échange. Et ceux qui n’ont pas d’anciens collègues éparpillés aux quatre coins du monde s’organisent autrement : sur les forums consacrés aux voyages ou sur Facebook, de nombreuses personnes déposent des demandes de type « échange F2 en banlieue contre villa à Ibiza ». Le troc est alors 100% gratuit, certes, mais aussi 100% sans garantie !

Marlène Schiappa

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