A la retraite, je (re)travaille

Travailler à la retraite ? Le concept vous paraît insolite, voire improbable ? Détrompez-vous, la France compte de plus en plus de retraités actifs.  Par Nadia Moulaï

« Donnez ! Dieu vous le rendra ! » Tout le monde connaît la chanson d’Enrico Macias. Surtout les pauvres. C’est ce qui ressort d’une étude menée par deux psychologues de la très prestigieuse université Berkeley, en Californie (Etats-Unis). Les plus aisés sont clairement moins ouverts aux autres que ne le sont les plus démunis.

La gestuelle

Première caractéristique ? La gestuelle. Quand on est riche, on apparaît moins impliqué dans la conversation. Les personnes issues de milieux plus modestes, elles, accordent plus d’intérêt à leurs interlocuteurs. Des différences visibles grâce à la méthode utilisée pour cette étude.

Les deux psychologues, Michael W. Kraus et Dacher Keltner, ont filmé des face-à-face en utilisant un vivier d’étudiants inconnus les uns des autres. Au total, 100 volontaires ont joué le jeu. Et les résultats sont spectaculaires.

Ainsi, seulement 60 secondes suffisent aux observateurs pour identifier l’origine sociale des participants. Détail révélateur, pendant les rencontres, les étudiants privilégiés passent plusieurs secondes à regarder la pièce, les objets. A l’inverse, les volontaires moins riches, eux, manifestent une attention continue envers leur interlocuteur. Signe de respect et de considération. D’ouverture aux autres aussi.

Une conclusion facilement transposable dans les transports en commun ? « Oui !, s’exclame Nora, 40 ans, habitante de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Quand je prends la ligne 4 (ndrl : métro parisien) qui va Porte de Clignancourt à Porte d’Orléans, je constate que l’ambiance est chaleureuse jusqu’aux Halles a peu près. Les gens rient, se regardent, discutent… Mais quand on traverse le 6e arrondissement, personnellement, je sens une forme de crispation… » Le constat peut paraître saugrenu mais à lire l’étude de Berkeley, pas tant que ça.

D’ailleurs, le travail des deux psychologues le prouve : venir d’un milieu modeste vous pousse à la communication. « Les moins riches ont besoin de relations sociales pour survivre », expliquait Dacher Keltner au site internet . A l’inverse, les riches disent à travers leur gestuelle : « Je vais bien. Je n’ai pas besoin de vous », selon Kraus. Une dichotomie comportementale qui proviendrait selon eux de « notre instinct animal. Le riche n’a rien à montrer puisque son statut social est élevé. »

L’entraide

Autre marqueur social, la capacité à l’entraide des plus pauvres. Selon les deux psychologues, « les contacts sociaux entre voisins permettent aux gens avec des moyens limités de trouver l’aide dont ils ont besoin pour résoudre les problèmes de garde d’enfants ou de transports ».

Un point qui trouve un écho chez Akim, 29 ans, d’Argenteuil (Val-d’Oise). « Je me suis retrouvé en panne dans le 7e arrondissement de Paris. » Et ? « Pas une personne ne m’a aidé à pousser la voiture, une petite Fiat, qui obstruait le passage. » Une situation qu’il dit impossible dans les zones populaires.

Riche et égoïste, pauvre et généreux ?

Autre étude menée par Kathleen Vohs de l’université du Minnesota (Etats-Unis) , plus on est riche, plus on est égoïste. Les scientifiques ont montré que « l’accumulation d’argent dégrade les relations avec les autres. » Les plus démunis seraient donc plus enclins au don ?

Apparemment ! Alissa, 23 ans, Parisienne, est étudiante. Elle occupe un emploi de vendeuse en restauration rapide. « Mon contrat, une dizaine d’heures par semaine, me permet d’avoir un petit pécule mensuel. Mais c’est vrai que j’essaie tant bien que mal de donner à Action contre la faim. » Une préoccupation pas forcément partagée par tous.

Pierre, 43 ans, lui, rencontré dans le métro parisien, avoue un peu gêné : « Je n’ai pas le réflexe de donner. » Pourtant ce cadre le pourrait. « Nous sommes tellement sollicités dans les transports, à la télé, que je finis par ne plus voir cette misère… C’est malheureux, je sais, mais bon c’est comme ça. »

Egoïsme, fatalisme ou indifférence, beaucoup de causes expliquent « ce refus de la charité ». Reste que l’argent ça va, ça vient. N’oublions pas que la roue tourne souvent plus vite qu’on ne le pense…

Nadia Moulaï

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